Hey, t'es qui, toi ? Moi ? Je m'appelle Bonnie Juliet Travor. Mon père a quitté la France à l'âge de vingt-et-un ans pour gagner l'Écosse d'où son nom est originaire. Une fois qu'il eut pris ses marques, il ne tarda pas à ouvrir un cabinet d'architecture. Il n'était pas prédestiné à cela mais il avait fait des études de design. Il trouvait que ces deux éléments étaient liés. De plus, il ne se voyait pas travailler dans le design à proprement parlé. Cela ne l'intéressait pas du tout de dessiner une chaise à la mode. Certes, il aurait pu gagner beaucoup d'argent mais il désirait ouvrir sa propre affaire plutôt que de suivre la mode. Cela faisait à peine quelques jours que son affaire avait ouvert qu'il reçut la visite d'une ravissante jeune femme. Bonjour, puis-je vous aider ? La demoiselle ne lui répondit pas immédiatement, préférant regarder les croquis qu'il avait accroché au mur en guise de décoration des locaux. La femme lui prêta enfin de l'attention. Bonjour, Monsieur Travor, je crois. C'est bien cela mais nous connaissons-nous ? Son interlocutrice se mit à rire légèrement. A ce moment, sans trop pouvoir l'expliquer, il sut qu'il tomberait amoureux d'elle. On m'a envoyé ici parce que vous cherchiez une décoratrice apparemment. Je ne veux pas vous froisser mais ce bureau a clairement besoin de changement. Je suis Élisabeth Adams, lança-t-elle en lui tendant sa main et en lui souriant. Qui était cette femme ? Il s'agit tout bonnement de ma mère. Rien qu'au son de son rire, mon père avait su qu'il en tomberait fou amoureux et il ne s'était guère trompé. Elle l'avait aidé à donner une apparence acceptable à son local quelque peu défraichi. Ils étaient souvent amenés à se voir à la fin de la journée autour d'un dîner afin qu'Élisabeth expose à Callahan, ses idées de réaménagement. Callahan buvait les paroles de la jeune femme et ne la contredisait jamais à cette époque-là. Quelques mois plus tard, seize mois exactement, ils décidèrent de se marier. En plus, Élisabeth était enceinte. Cela me fait bizarre de vous parler de mes parents avec leur prénom puisque je ne les appelle tout simplement jamais ainsi. Ils ont été heureux pendant plusieurs années, s'aimant comme au premier jour. Ils ont décidé de déménager à Bâton Rouge pour y élever leur enfant. Pourtant, Élisabeth se mit à changer au point de devenir suspicieuse. elle ne croyait plus en la fidélité de mon père ce qui était clairement ridicule. Ils n'ont cessé de se disputer à ce sujet alors que cela n'en valait pas la peine. Mon père l'aimait comme un fou, elle aurait du y croire. puis, vint la séparation et le déchirement de la famille. Pendant une petite période, je fus trimballer tel un sac à main d'une maison à une autre jusqu'à ce que mon père obtienne ma garde.

Âgée de six ans, cela faisait maintenant deux ans que je ne vivais qu'en compagnie de mon père. J'avais beau être très jeune, j'avais du mal à comprendre comment ma mère avait pu tout foutre en l'air avec un homme aussi tendre et attachant que mon père. Quand il a obtenu ma garde, il a mis son travail un peu de côté afin de se consacrer à moi un maximum. Il a été jusqu'à refuser un très grand projet en Australie simplement parce qu'il ne supportait pas l'idée d'être loin de moi. Certains parents privilégient l'argent à leurs enfants mais mon père n'avait jamais était ainsi. Nous vivions dans une magnifique maison à la devanture peinte en blanc. Cela contrastait merveilleusement bien avec les volets en bois vernis. Depuis toujours, les Norwood étaient nos voisins et j'avais tissé un lien particulier avec le plus jeune des enfants, William. Ce petit blondinet avait su se montrer très amical et puis il était terriblement chou, il fallait l'avouer. Papa, je vais voir Willy. Ne t'en fais pas, je fais attention à moi et au pire, il saura me protéger. J'avais déposé un baiser sur la joue de mon père et j'avais fichu le camp par la porte d'entrée. J'ai rapidement rejoint la maison Norwood. Je me décidai à toquer à la porte. Bonjour, Madame Norwood. Je viens chercher William pour jouer. Les parents Norwood étaient tout aussi adorables que leurs enfants. Hey, Jules. Willy, je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Je lui fis un sourire et le serrai légèrement dans mes bras. Il n'aimait pas cela, je le savais mais après tout, il m'avait appelé par le surnom que je détestais. Il le méritait bien. Nous avons passé l'après-midi à jouer tous les deux en faisant tout et n'importe quoi. Le vélo était un bon moyen pour nous évader mais à six ans, on n'avait pas le droit d'aller plus loin que le bout du quartier. Juliet, tu veux pas être mon amoureuse ? Tu ne crois pas que ce serait une sacrée mauvaise idée, Willy ? Il fit une petit moue adorable. Pourquoi ça ? Tu sais, je crois que dans ma famille, l'amour se termine mal. Et puis, amis, c'est très bien aussi. Tu as peut-être raison. Au moins, je ne te perdrai pas. Un bisou sur la joue échangé et nous avons continué à nous amuser comme si rien ne s'était jamais passé. Conrad était un petit garçon qui jouait également avec nous. Tous les trois, nous continuons à former le trio infernal. Plusieurs personnes ont tenté de s'allier à nous et d'intégrer notre "mini-clan" mais je ne l'ai jamais permis. Les véritables amis de confiance sont bien trop rares. De plus, j'ai trop peur de me retrouver éloignée de ces deux êtres indispensables à ma vie. J'ai déjà perdu ma cousine, Mindy il y a quatre ans et cela suffit. Aujourd'hui, William a lui aussi perdu un être cher : son grand-frère. Je suis parvenue à le remettre sur pied malgré quelques difficultés. Willy est mon meilleur ami et Conrad, quant à lui, je ne saurais dire ce que l'on est. De bons amis qui couchent ensemble et le pire, c'est que je ne supporte pas qu'il couche avec quelqu'un d'autre. Étrange hein ? Je vous le disais. Je suis actuellement étudiante en photographie même si je rêve davantage d'être écrivain.