Qui l'aurait pensé ?

Assise au calme tout prés du lac, Mégane fixait sa feuille blanche. Il était sur que pour beaucoup de personne, une feuille blanche était une phobie, mais pas tellement pour elle. Elle savait que quoi qu’il arrive elle réussirait à écrire. Ses compositions remplaçaient un « journal intime », elle extériorisait tout ce qu’elle ressentait par chanson. Elle ne montrait ça à personne, après tout qui montrerait son journal intime à quelqu’un ? Personne, c’est bien ça. En tapotant son stylo nerveusement sur sa pochette ou était posée sa feuille, elle fixait maintenant le lac tout en cherchant un texte qui sonnerait bien et qui dirait parfaitement ce qu’elle pensait sur le moment même.

Mégane se risqua à tremper une main dans l’eau, celle-ci était froide. Il fallait bien s’y attendre, nous n’étions pas non plus en temps de « canicule » ni quoi que ce soit d’autre, il ne faisait pas froid mais pas très chaud non plus. C’était ce temps là que Mégane aimait, ni trop chaud ni trop froid, à peu près le seul temps ou l’homme ne se plaignait pas. Mégane souriait, que l’eau soit froide, lui faisait un effet de réel, de quelque chose de vrai, assez bizarre n’est-ce pas ? Elle se rendait compte que chaque moment vécu était exceptionnel et que tout le monde n’avait pas forcément la chance d’en profiter.

Son stylo en main elle écrivait, l’inspiration lui venait comme ça par moment et on ne l’arrêtait plus. Dès qu’elle trouvait l’inspiration, elle écrivait, même si elle était en classe ou dans d’autres endroits importants. Sa musique était sa passion, tout comme sa sœur avait la danse. Elle n’imaginait pas une journée sans musique, sans mélodie, ni paroles ayant un sens. Sa guitare ne l’avait plus quitté depuis qu’elle l’avait eut, elle se rappelait l’avoir eut lorsqu’elle était toute petite, elle en avait apprit et sa mère et sa sœur jumelle lui en avaient offert d’autres par la suite. Mais son graal c’était sa toute première guitare. Elle avait tant d’importance à ses yeux. Dans certaines familles il y a des bijoux qui se passent de génération en génération ou autres objets, Mégane elle voulait laisser comme héritage de famille, cette guitare. Après tout, la musique représentait presque toute sa vie, quel autre objet plus symbolique pourrait convenir ?

Il y a peu de temps qu’elle était arrivée à Bâton-Rouge, mais ça avait bousculé pas mal de chose dans sa vie. Elle qui n’avait jamais vraiment été proche de sa sœur jumelle, les deux jeunes femmes rattrapaient le temps perdu. Chose qu’elle n’aurait jamais cru auparavant. Leur mère avait emménagé pas très loin pour ne pas rompre ou perdre contact avec ses filles. Et pourtant ce n’était que le début, elle venait à peine d’arriver que sa vie se promettait de changer.

Mégane posa son stylo sur sa pochette, empêchant ainsi le vent d’emporter sa feuille et se leva doucement. Elle avait plutôt bien avancé, mais ses jambes étaient toutes engourdies. Le lac était calme et elle était seule, surtout à cette heure-ci, il était tôt et c’était le week-end. Les gens ne venaient pas souvent par ici, pourtant pour se concentrer, cet endroit était tout simplement parfait. Elle fixait l’eau qui scintillait avec les quelques reflets du soleil. Elle se sentait coupée du monde ici, en ville sans vraiment l’être, elle avait coupé son téléphone et tout engin électronique. C’est son moment d’évasion, son endroit d’inspiration. Juste l’endroit rêvé à Bâton-Rouge pour elle.

Qui l'aurait pensé ?

Mégane se surprenait, elle qui était toujours dynamique, hyperactive et toujours entrain de courir partout, là elle était calme, profitant du moment venu. C’était rare pour elle, elle se sentait toujours obligée de faire quelque chose et rester là à ne pas faire grand-chose appart accorder du temps à son esprit, elle ne se procurait jamais ce genre de moment. Erreur ? Une ou deux fois par semaine, ça serait peut-être bien non ? Du moins elle se posait cette réflexion là. Elle avait encore tellement de chose à voir, à faire et à régler suite à son arrivée ici, peut-être continuer ses études ici.

Le vent fouettait ses cheveux, ça lui donnait une sensation d’évasion. Elle n’avait pas ressentit ça depuis longtemps, tellement longtemps que ça lui en avait presque manqué. Après tout, changer d’horizon lui faisait du bien, elle aurait peut-être du faire cette fameuse à sa mère un peu plus tôt ? Elle était heureuse de pouvoir retrouver sa sœur à Bâton-Rouge, elle c’était surprise à ressentir un manque quand cette dernière avait quitté la maison. Dans sa famille, c’était leur mère qui les avait élevé, son père était mort alors qu’elle et sa sœur jumelle n’avaient que deux ans, dans un accident de moto. Inutile de vous dire que depuis elle fuit ses engins à deux roues comme la peste. Elle ne monterait dessus sans bonne et « vraie » raison valable. En fait elle monterait dessus que si sa vie ou celle d’un de ses proches étaient en danger et pour le moment … Et bien aucun problème de ce coté là. Elle en avait souffert quand elle avait compris ce que ça incluait vraiment, à deux ans, elle était trop petite pour comprendre ce qui se passait. Sa mère pour compenser ce manque avait toujours été très présente pour ses filles, chose dont Mégane était vraiment consciente et elle lui en était totalement redevable. Leur mère avait tout enduré pour ses filles, ne craquant jamais devant elles et faisant tout pour qu’elles soient heureuses. Si un jour elle devait être mère, elle espèrerait être à la hauteur de la sienne. Par les souvenirs, Mégane voyait que son père était aussi quelqu’un de formidable, même si elle n’avait pas eut le temps de le découvrir, les récits de la femme qui l’avait mis au monde la convainquait sans aucuns doutes.

Son attention se reportait sur le rayonnement du soleil sur l’eau. La nature pouvait faire des choses tellement formidables et magnifiques. On avait tellement l’habitude de voir ça tout les jours qu’on n’y prêtait plus aucune attention. Elle sortie de sa contemplation dans un sursaut, quelqu’un venait de poser une main sur son épaule. Elle se retourna pour voir de qui il s’agissait et avec resta figée pendant quelques secondes.

« BENJAMIN ? » Elle le prit dans ses bras, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour le reconnaître. Elle n’en revenait pas, il était là devant elle. Encore plus beau qu’avant, que pendant ses vacances qui avaient été sans doute les meilleures de sa vie. Elle le serra fort dans ses bras, son contact lui avait tellement manqué. Que faisait-il là, ici à Bâton-Rouge ? Tout s’enchainait dans sa tête, des souvenirs revenaient par flash, sa rencontre avec lui, ses journées passées en sa compagnie.

Mégane avait rencontré Ben pendant des vacances en France passées avec sa mère et sa sœur, et par sa maladresse elle l’avait connu. Elle avait été prendre un verre dans un bar et en allant s’installer sur la terrasse, elle avait renversé son verre sur son bouquin en trébuchant. Elle était tellement gênée qu’elle avait insisté pour le lui racheter le même, ensuite elle avait passé ses journées avec lui. A la fin des vacances, ils n’avaient pas gardé contact au plus grand désespoir de la brunette. Et autant le dire, Mégane n’avait jamais réussit à lui résister, par contre ça elle l’avait gardé pour elle. « Tu m’as manqué, mais qu’est-ce que tu fais ici ? »

Qui l'aurait pensé ?

Mégane profitait de cette étreinte, ça faisait plus de deux ans qu’elle n’avait pas revu le jeune homme, ni même eut des nouvelles. Elle se souvenait avoir détesté le moment des adieux à la fin de ces vacances ou elle avait rencontré Ben. En fait, comme presque toutes personnes normales, elle avait toujours détesté les adieux, détesté de dire au revoir. Surtout quand il s’agissait de Ben, elle c’était vite attachée à lui. Etait-ce quelque chose de mal ? Elle ne pouvait y répondre mais elle ne regrettait absolument rien. Elle ne lui en voulait pas non plus, en fait, elle n’y arriverait pas même si elle l’avait voulu. Mégane était ce genre de fille à comprendre que certaines personnes avaient des choses plus préoccupante que de garder contact avec des personnes qu’on ne reverrait peut-être pas de toute sa vie. Elle c’était dite qu’il avait de choses plus importantes à s’occuper et elle avait été un peu déçue de n’avoir plus aucuns liens avec lui, mais elle respectait son choix qu’il soit volontaire ou pas. Elle ne l’avait pas pour autant oublié, bien au contraire, elle n’avait pas tourné la page même s’il y avait peu de chance qu’elle puisse le revoir. Et finalement qu’est-ce qui était arrivé ? Elle l’avait enfin revu. S’il n’avait pas voulu la revoir ou lui reparler, il ne serait pas venu la voir et il aurait pu l’éviter et la fuir comme la peste. Pourtant il était là, devant elle et c’est ce qui redonnait espoir à Mégane.

Mégane avait remarqué le petit moment de surprise qu’avait eut Ben. Mégane était quelqu’un de très émotive, enfin elle ne le montrait qu’avec certaines personnes et revoir le jeune homme après tant de temps, elle n’avait pas pu s’empêcher de le prendre dans ses bras. C’était comme ci elle n’avait pas eu le choix, elle n’avait pas contrôlé ça. Pour répondre, il s’éloigna un peu d’elle et lui sourit. Ce sourire qui lui avait manqué, ce sourire qu’elle avait vu la dernière fois pendant ses vacances. Mais la réponse du jeune homme allait la rendre encore plus heureuse. Vous savez, ces petits mots qui vous donnent espoir alors qu’ils pourraient avoir deux sens, presque totalement contradictoires. « Toi aussi tu m'a tellement manqué ! Et bien c'est une longue histoire... » Pour Mégane, ce mot était le « tellement ». On aurait dit une petite fille qui s’accrochait à un rien et qui risquait sans doute de se faire de faux espoirs, mais ça la faisait espérer et ça remontait pas mal son humeur. « Si jamais tu veux en parler, moi j’ai tout mon temps. » Elle lui rendit un sourire radieux, elle ne voulait pas le forcer, après tout si il n’avait pas envie de lui confier quelque chose après tout ce temps c’était largement compréhensible. La confiance ne s’accorde pas aussi facilement, du moins ça dépend de certaines personnes. Et même s’il lui avait accordé sa confiance durant ses vacances d’il y a quelques années, il y avait aussi une chance pour qu’elle ait changé.

« Dis-moi, comment vas-tu depuis tout ce temps ? Et puis, je te retourne la question, tu as quitté l'Italie ? Ou tu es juste en vacances ? » elle pencha la tête un peu sur le coté tout en souriant. « Eh bien, je vais parfaitement bien et toi ? » Elle se souvenait qu’à la fin des vacances, Ben avait l’air épuisé et ça avait inquiété Mégane mais voyant que le garçon cherchait à cacher ce sujet et à l’éviter, elle n’avait pas posé de question par respect. Après tout c’était ses affaires à lui. « Oui, j’ai quitté l’Italie, je viens d’emménager chez ma sœur qui habite ici et ma mère à emménagé pas très loin d’ici non plus, alors je suis là pour un bon petit moment. » Elle avait dit ça d’un ton joyeux, oui, elle commençait à se rendre compte que en venant vivre ici, elle s’offrait une nouvelle chance, un nouveau départ. « Et toi ? Rassures moi, tu restes bien ici hein ? C’est pas que pour des vacances ? »

Qui l'aurait pensé ?

Mégane continuait de sourire. C’était à chaque fois la même chose avec lui, elle ne pouvait s’empêcher d’être de bonne humeur lorsqu’elle était en sa compagnie. C’était assez bizarre mais elle et Ben étaient assez opposés pour certains traits de caractère. Il était calme, elle était hyperactive, il était assez timide et réservé et Mégane, elle était très sociable et ouverte. Mais pourtant le seul vrai garçon qui avait attiré son attention, c’était lui. Celui avec qui elle avait toujours été en meilleure compagnie c’était Ben.

« Je te remercie Még, mais je n'ai pas envie de t'ennuyer avec mes histoires. » Elle fit une petite moue, s’il savait ce que ses histoires pouvaient au contraire intéresser la jeune fille. Parler de n’importe quoi avec lui, elle adorait mais si en plus c’était de parler de lui, elle était plus qu’heureuse. « Voyons, tu ne m’ennuis jamais avec tes histoires. Tu le sais bien. » Elle retrouva un visage souriant, Mégane le trouvait mignon d’avoir peur de l’ennuyer avec ses histoire.

Elle le regardait, sans pour autant le fixer mais elle le regardait sous tous les angles. Ne pas l’avoir vu depuis autant de temps lui avait manqué, et elle se rendait compte que même après tout ce temps, il était encore plus beau qu’auparavant. Elle avait eut peur qu’il l’ait oublié, qu’il ne se souvienne plus d’elle et qu’il soit passé à autre chose en tournant la page sur l’amitié qui c’était créée durant ces vacances en France étant donné qu’aucun des deux ne c’étaient reparlés par la suite et qu’ils vivaient dans deux pays différents. Mais le revoir ici, l’avoir eut dans ses bras, avoir son le contact de son corps contre le sien faisait tout oublier à la jeune femme, elle avait l’impression de retourner dans le passé. Elle espérait que ça ne soit pas un rêve, que c’était la réalité et qu’elle ne se réveillerait pas en se rendant compte que finalement il n’était pas là.

« Je vais très bien également, surtout depuis que tu es là. » la jeune femme avait été touchée et avait fait son plus magnifique sourire. Son coté enfantin rêveur revenaient au galop, il avait touché un point sensible de la brunette. Son cœur c’était mis à battre plus vite qu’à la normale et elle était heureuse, vraiment heureuse. Juste quelques mots qui voulaient dire beaucoup, beaucoup plus que ce que la jeune femme recherchait.

Mégane commença à s’inquiéter, Ben était devenu tout d’un coup pâle et lui avait demandé de s’asseoir. Elle avait vu, une scène qu’elle avait l’impression de connaître. Ben essayait de faire comme ci de rien était mais la jeune femme avait remarqué qu’il paraissait tout d’un coup fatigué, comme à la fin de leur vacances en France. La réponse qu’elle venait d’avoir avant ne tenait plus vraiment désormais, la réponse lui avait fait plaisir, certes. Mais le jeune homme n’était pas en pleine forme et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, du moins pour Mégane, elle savait dénicher ce genre de chose là. La jeune femme hocha la tête sans protestations et suivit Ben qui s’asseyait sur le banc ou elle était posée quelques minutes auparavant. La réponse qui s’en suivit rabaissa le moral de la brune.

Jamais Mégane n’aurait pensé que le jeune homme pouvait endurer ça. Il était courageux, s’aventurer dans un tel périple et emménager à l’autre bout de la planète pour retrouver sa mère biologique dont il n’avait que quelques traces. « Oh, Ben. » Elle comprenait tout maintenant, tout s’encochait parfaitement. « Si je peux faire quoi que se soit pour t’aider à retrouver ta mère biologique, je le ferais. » Mégane n’avait pas pitié du jeune homme, au contraire, elle le respectait. Elle se rendait compte que sa vie n’avait pas grand-chose de simple. Elle, elle avait perdu son père mais savait qui était sa mère biologique et de ce qu’était advenu son père. A dix-huit ans, ce n’est jamais simple à encaisser comme nouvelle. La jeune femme prit la main de Ben dans la sienne, elle voulait qu’il sache que quoi qu’il arrive, elle serait là.

Elle espérait aussi qu’il resterait longtemps à Bâton-Rouge, qu’il parvienne à retrouver la femme qui l’avait mise au monde. Elle ne voulait le laisser s’échapper une seconde fois, elle serait bien trop triste pour le supporter.

Ben avait détourné la tête et avait remarqué la feuille sur laquelle Mégane écrivait il y a quelques instants « Toujours passionnée de musique à ce que je vois. » Elle avait encore beaucoup de mal à revenir sur Terre après cette nouvelle, mais elle se ressaisit vite et lui adressa un mince sourire. La musique c’était son don à elle, si on lui enlevait, que lui resterait-il ? Qu’est-ce qu’elle serait sans ça ? C’était bien les questions sans réponses qu’elle se posait sans cesse. « Oui, c’est presque toute ma vie et je ne suis pas prête de l’arrêter. Toi, toujours aussi passionné par l’écriture et la lecture je paris ? »

Qui l'aurait pensé ?

Mégane regardait attentivement Ben et elle devenait de plus en plus inquiète. Son sourire disparu subitement. Il essayait de cacher ce qu’il avait, il ne voulait sans doute pas en parler. Mais elle n’était pas dupe, bien loin de là. Elle se pencha doucement pour mieux voir le jeune homme, il commençait à avoir du mal à respirer, et pour calmer ça, il inspirait longuement et doucement. Oh que non, elle n’était pas stupide à ce point là, il était malade. Fatigue du voyage, plausible mais une voix intérieure lui disait que ce n’était pas que ça. « Qu’est-ce que tu as Ben ? » Elle avait dit ça doucement, avec un ton rassurant. Il cherchait, réfléchissait. Une excuse ? C’était possible, mais elle voulait juste qu’il aille bien. C’était juste pour elle le plus important. Elle ne supporterait sans doute pas le fait qu’il lui arrive quelque chose, pas maintenant alors qu’elle venait juste de le retrouver.

Le jeune avait relevé la tête avec cette expression qu’elle connaissait, peut-être pas à un cas aussi grave que le sien mais elle connaissait cette expression. La peur que la personne en face ait pitié. Elle se souvenait de chaque personne qui c’était excusé quand ils avaient fait la gaffe de demander où était son père, qui il était et dès qu’elle répondait, la question qui revenait tout le temps c’était : Comment ? Mot qu’elle détestait plus que tout. Et Ben avait eut cette expression. Elle le comprenait, dans son cas c’était plus grave, et la pitié n’arrangeait rien, absolument rien. Elle n’avait pas pitié de lui, non, elle l’admirait car sous sa carapace de jeune homme timide et réservé, il était bien plus courageux qu’il ne l’imaginait lui-même. Il était quelqu’un d’admirable, et sachant que ça ne devait pas être simple à vivre, elle voulait l’aider au maximum, elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour qu’il puisse retrouver sa mère. C’était le but de sa venu après tout non ? Du moins à la base.

« Merci. Si tu savais comme ça me touche de te savoir à mes côtés. Il n'y a qu'une chose que tu puisses faire pour m'aider, rester auprès de moi, c'est amplement suffisant je t'assure. » Elle était émue, inutile de vous le dire, mais il avait compris qu’elle ne le prenait pas de pitié, chose qu’elle ne ferait jamais. Elle lui fit un petit sourire timide. Attendez, Mégane timide ? Mégane Samantha Cuthbert, c’était bien l’une des premières fois, ça ne lui arrivait jamais. Elle était quelqu’un qui arrivait à avoir confiance en elle, pas trop mais suffisamment pour ne pas se laisser marcher dessus.

N’être là que pour lui ne suffisait pas, elle voulait l’aider. Juste l’aider à réaliser quelque chose d’important de sa vie. N’avoir été là que pour lui durant ses vacances d’été, n’avait pas été grand-chose, elle se sentait impuissante, qu’avait-elle fait pour aider le jeune homme ? Elle apprenait juste à la connaître, il était temps maintenant qu’elle se comporte comme une vraie … amie, oui une amie. Elle secoua discrètement la tête pour chasser ce mot de sa tête. Elle voulait arrêter de se torturer l’esprit. « Je serais là alors… » Bon ok, elle ne lui disait pas tout, elle voulait vraiment l’aider et totalement mais en parler maintenant allait peut-être l’énerver et elle préférait attendre un tout petit peu, que la confiance se réinstalle entièrement. « Tu sais que si jamais tu veux en parler, n’importe quand, je suis là pour toi. » Elle sentit la main de Ben serrer la sienne, plus de deux ans qu’elle attendait ce moment. Même si ce n’était pas dans les circonstances qu’elle aurait désiré.

« Oui et puis tu n'as aucune raison de t'arrêter car tu es très douée. Et oui, toujours passionné de littérature, d'ailleurs c'est ce que j'étudie, j'espère pouvoir devenir un jour un grand écrivain. » Son regard s’attardait sur le visage du jeune homme, il allait la faire rougir, en tout cas ça avait commencé. Il avait une passion lui aussi, la littérature, qui avait une place aussi importante dans sa vie que la musique dans celle de Mégane. Ils se comprenaient, sur ce point là, ils étaient identiques, pas la même passion mais la même manière de le vivre et d’en profiter. « Merci, merci beaucoup. » elle se souvenait que Ben avait de bons gouts pour ses livres, elle l’avait vu engloutir des dizaines et des dizaines de romans, et à chaque fois qu’elle lisait le résumé, ils étaient tous géniaux. Elle avait eut l’occasion de lire un extrait de ce qu’il avait déjà pu écrire, et elle était sure et certaines qu’il deviendrait un grand écrivain, il avait tout pour. « T’es vraiment doué aussi, je sais que tu arriveras à être un grand écrivain, t’es fait pour ça. »

Qui l'aurait pensé ?

« Ça va, ne t'inquiète pas, je suis juste un peu fatigué. » Cette phrase résonnait dans la tête de Mégane, même avec ce sourire qui était apparu sur le visage du jeune homme pour rassurer la jeune fille, elle n’était pas totalement convaincue mais elle ne voulait pas le forcer à quoi que se soit. Et puis, avait-elle raison de se faire des idées ? Elle lui fit un mince sourire alors que le jeune homme continuait de reprendre un souffle normal.

Le sujet de conversations divaguait, elle ne relevait pas, à quoi est-ce que ça aurait servis ? Elle fit comme ci de rien n’était et marchait dans sa technique de diversion. Pas le courage de suivre cette vérité au moment venu, du moins pas aux retrouvailles, elle ne fouinerait pas et ne chercherait pas à le forcer à parler.

Elle avait toujours sa main dans la sienne. En fait elle ne voulait pas le lâcher, elle avait vraiment peur de le revoir partir à nouveau, comme aux adieux de ses fins de vacances en France, son cœur c’était déchiré en deux parties. Déjà que de base, c’était ce qu’elle détestait le plus en vacances : le moment des adieux, avec Ben ça avait été encore pire que d’habitude. Lors de son départ, en voiture elle se rappelait n’avoir pas lâché une seconde du regard l’endroit elle voyait Ben tout les jours depuis leur rencontre, elle fixait cette ville jusqu’à ce qu’elle devienne une ombre floutée par la distance, pour finir en un petit point perdu au milieu du paysage.

Ses deux mains dans celles de Ben, Mégane commençait à paniquer, elle n’avait jamais vu le jeune homme aussi sérieux que maintenant. Elle fixa les mains de Ben qui tenaient les siennes et reporta son visage sur celui du jeune qui avait encore la tête baissée. Lorsqu’il la remonta, son inquiétude ne cessait d’augmenter, il allait falloir qu’il crache le morceau parce qu’elle n’allait pas tenir à le voir comme ça, aussi sérieux et grave. Elle le fixait droit dans les yeux, elle y voyait de la peine, trop de peine pour un homme de son âge. « Je suis malade Mégane. Je ... Je suis atteint d'une maladie depuis ma naissance. Ce n'est pas mortel, mais ce n'est pas non plus curable. Je suis condamné à vivre avec tout au long de ma vie. » Son regard se figea, comme tout le reste de son corps d’ailleurs. Mégane était sous le choque, ce n’était pas possible. Elle restait tétanisée, le temps de tout encaisser, de tout comprendre et de tout assimiler. Elle reprit Ben dans ses bras calant sa tête dans le creux de son coup. Elle le serrait fort dans ses bras, elle ne supportait pas de le voir comme ça, il méritait tellement d’être heureux et de pouvoir profiter de la vie pleinement. Les yeux de la jeune fille étaient embués mais Ben lui pleurait. Mégane lui chuchota doucement à l’oreille « Je suis là Ben, je ferais mon possible pour t’aider. » Elle s’éloigna un peu de lui pour pouvoir mieux le regarder. Encore une fois, elle n’avait pas pitié de lui, non, elle savait que ce qu’il endurait était dur et que la pitié était la dernière chose dont il avait besoin. « Je te le promet » avait-elle dit doucement, elle ne promettait pas beaucoup, ce n’était pas dans ses habitudes, même si elle faisait toujours ce qu’elle disait, elle voulait juste qu’il sache que pour n’importe quel sujet, elle serait là. Ben était vraiment l’une des personnes qui comptait plus pour elle, son amitié lui était si précieuse. Elle allait forcément s’inquiéter en permanence à cause de sa maladie, mais elle l’aurait à ses cotés et elle pourrait voir comment il va. Elle tenait trop à lui pour laisser cette maladie lui pourrir la vie. Elle se rapprocha de lui, lui fit un baiser sur la joue avant d’essuyer une larme qui coulait encore sur visage du jeune homme.